Peter Routledge, surintendant, annonce le taux de la réserve pour stabilité intérieure
Discours - Virtuelle -
Merci de votre présence à cette annonce du taux de la réserve pour stabilité intérieure de décembre 2024.
J’aimerais d’abord souligner que je m’adresse à vous aujourd’hui à Ottawa, sur les terres ancestrales qui ont longtemps été un lieu de rassemblement des peuples autochtones, dont la nation algonquine Anishinaabeg. Je suis reconnaissant de pouvoir être présent sur ce territoire.
La réserve pour stabilité intérieure, ou RSI, est une réserve de fonds propres qui permet aux six grandes banques du Canada d’éponger les pertes et de continuer de consentir des prêts aux entreprises et aux ménages canadiens en période de tensions financières.
Le BSIF revoit le taux de la réserve pour stabilité intérieure deux fois par année, soit en décembre et en juin. Il peut aussi le faire à tout autre moment, si nécessaire.
En tant qu’autorité de réglementation proactive, il ajuste le taux de la RSI selon l’évolution de l’environnement de risque afin de favoriser la stabilité et de renforcer la confiance du public dans le système financier du Canada.
Voici les facteurs que nous avons examinés pour prendre notre décision :
- Les vulnérabilités systémiques sont stables dans l’ensemble, mais elles restent élevées.
- Les risques qui pèsent à court terme sur les fonds propres des banques demeurent faibles.
- Les banques disposent de fonds propres en quantité suffisante, compte tenu de la situation financière actuelle.
Nous nous attendons à ce que ces facteurs demeurent stables durant les 6 prochains mois. Nous avons donc décidé de maintenir le taux de la RSI à 3,5 %.
Ce taux est le même depuis le 1er novembre 2023.
D’ailleurs, les résultats de simulations de crise et d’analyses de scénarios récentes appuient la décision de ne pas modifier le taux de la RSI. Bref, le BSIF estime que maintenir la RSI à son niveau actuel permet aux banques d’accorder des prêts, tout en ayant assez de fonds propres pour éponger les pertes d’éventuels chocs.
Cela dit, nous continuons de suivre de près plusieurs vulnérabilités importantes.
- L’endettement élevé des ménages : Même si le ratio dette-revenu des ménages canadiens a diminué depuis notre annonce précédente, le ratio d’endettement, lui, a peu bougé et se maintient près de son sommet historique. On peut s’attendre à ce que les ménages subissent des tensions accrues, comme les emprunts hypothécaires renouvelés en 2025 et en 2026 le seront à des taux plus élevés. Toutefois, cette situation est moins alarmante qu’en juin, car les taux ont baissé depuis et les propriétaires canadiens ont bien composé avec le cycle de crédit actuel.
- Les évaluations des biens immobiliers résidentiels et commerciaux : Ces évaluations demeurent incertaines malgré les récentes baisses de taux d’intérêt, et une correction du marché pourrait intensifier le risque de crédit lié aux prêts garantis par des biens immobiliers.
- Le niveau d’endettement des sociétés non financières : Le ratio de la dette des sociétés non financières au PIB a continué d’augmenter tandis que les ratios d’actifs liquides ont à peine baissé.
- L’environnement de risque géopolitique : Même si on note une hausse des tensions géopolitiques et de l’incertitude entourant les politiques internationales, elles ont eu peu d’effets jusqu’à maintenant sur notre système financier.
Bonne nouvelle, nos six banques d’importance systémique intérieure (BISi) continuent d’afficher de robustes ratios de fonds propres, ceux‑ci dépassant par plus de 500 points le plancher de 8 % qui assure une capitalisation adéquate.
Les BISi continuent d’obtenir de solides résultats, malgré des perspectives économiques incertaines. On peut donc penser que les risques à court terme ayant trait aux niveaux de fonds propres demeurent faibles.
Les BISi doivent néanmoins rester vigilantes et gérer prudemment leurs fonds propres, au vu des vulnérabilités croissantes. Les banques ne doivent PAS voir en la RSI un outil qui remplacerait une gestion prudente des fonds propres.
Cela dit, la possibilité d’utiliser une réserve de fonds propres comme la RSI – dont le taux varie entre 0 % et 4 % – joue un rôle important dans la santé d’un système bancaire.
Comme d’habitude, nous continuerons de suivre de près la conjoncture et ajusterons le taux de la réserve si la donne change.