Remarques préliminaires de Ben Gully lors de la séance d’information sur la gestion du risque à l’intention des institutions de dépôt

Discours -

Le texte prononcé fait foi

Propriétés du documentMerci Jacque. Et merci tout le monde pour votre présence aujourd’hui.

J’aimerais commencer par souligner trois domaines d’intérêt du BSIF dans le cadre de sa transformation et de la redéfinition de ses priorités, dont le but est de se préparer face aux défis qui persistent et ceux qui se pointent à l’horizon.

Commençons par parler des perspectives économiques du Canada alors que se conclut une autre année difficile. De fait, nous sortons à peine d’une pandémie mondiale de près de trois ans et nous ressentons les ondes de choc des tensions géopolitiques en Europe. L’inflation est à son plus haut niveau depuis des décennies, les taux d’intérêt haussiers font croître les charges de remboursement et le mot récession est sur les lèvres de plusieurs.

Nous savons qu’il y aura de nombreux défis à venir. Les banques centrales du monde entier resserrent leur politique monétaire sur fond d’endettement élevé, ce qui force les emprunteurs, habitués à de faibles taux d’intérêt depuis plusieurs années, à s’adapter à une nouvelle réalité. Les mesures soutenues visant à combattre les pressions inflationnistes intensifient les difficultés que connaissent les institutions financières et leur clientèle.

Le système financier du Canada est encore fort et en bonne santé malgré les répercussions de l’inflation élevée et des taux d'intérêt haussiers sur l’économie. Nous devons quand même demeurer très vigilants et nous préparer aux défis à venir.

En deuxième lieu, je veux parler de l’environnement de risque financier et non financier qui continue d’évoluer et présente des possibilités et de nombreuses incertitudes.

En octobre, le BSIF a révisé son Regard annuel sur le risque de 2022-2023 à la lumière des changements qu’a connu l’environnement de risque, lesquels sont attribuables aux défis économiques et aux tensions géopolitiques actuelles qui affectent encore les échanges commerciaux et l’économie dans son ensemble.

Au chapitre des risques financiers, le repli du marché de l’habitation s’est profondément répercuté sur les prêts garantis par des biens immobiliers. D’autres hausses de taux et une correction du prix des logements pourraient entraîner une augmentation des défauts de paiement des emprunteurs, des pertes de crédit et un ralentissement plus général de l’économie attribuable au marché de l’habitation. À cet égard, l’emploi devra rester fort et stable pour éviter que ces préoccupations ne prennent de l’ampleur.

Depuis la pandémie, nous travaillons et nous magasinons différemment, le marché de l’immobilier commercial baigne donc dans l’incertitude. Il n’y a qu’à constater la hausse du nombre d’espaces commerciaux à louer dans tous les centres-villes.

Les récentes affaires qui ont affecté des institutions comme FTX, Archegos, et même d’importantes caisses de retraite du Royaume-Uni, ont braqué les feux sur le danger potentiel associé aux montants élevés de levier. Bien que le Canada n’ait pas été touché par ces affaires, pas de façon importante du moins, elles nous rappellent l’importance de maintenir de saines pratiques de gestion du risque et des contrôles sur le risque de crédit de contrepartie et le risque lié au marché, risques qui pourraient se concrétiser très rapidement, et à grande échelle.

Au chapitre des risques non financiers, les cyberattaques sont une préoccupation majeure, et pas seulement pour le secteur financier. Des acteurs complexes qui sont bien financés – certains par des États, d’autres par des groupes de crime organisé – emploient des technologies de pointe pour essayer de perturber les entreprises ou d’ébranler la confiance du public envers le système financier.

Les nouvelles technologies de pointe, comme l’informatique quantique, la chaîne de blocs et l’intelligence artificielle, évoluent très rapidement. L’innovation numérique change la donne dans le système financier car elles permettent d’offrir des avantages supplémentaires aux consommateurs, mais présentent également de nouveaux risques.

Les événements récents ont démontré que, malgré leur popularité, les actifs numériques, comme les cryptomonnaies et les cryptomonnaies stables, devront évoluer s’ils veulent toucher un public plus large. Des innovations dans ce domaine voient le jour tant dans le système réglementé qu’en périphérie, parfois simultanément. Bien qu’ils n’en soient qu’à leurs balbutiements, ils méritent des approches de réglementation prudentes et réfléchies.

Les changements climatiques bouleversent les systèmes météorologiques tels que nous les connaissons. Les institutions financières, les assureurs et les collectivités doivent désormais réévaluer rapidement les risques physiques et les risques de transition susceptibles de nuire à la sûreté et à la solidité de chaque institution. Ces changements ont aussi des répercussions sur la stabilité financière, lesquelles pourraient s’aggraver si le risque climatique n’est pas rapidement intégré aux cadres de gestion du risque des institutions.

Le BSIF prend ces risques très au sérieux et s’y intéresse de près au quotidien.

Nous arrivons au troisième point dont j’aimerais parler : les mesures que prend le BSIF.

Pour ce qui est des risques financiers, le BSIF s’appuie sur la surveillance active et les échanges continus avec les institutions qu’il surveille pour orienter les mesures qu’il adopte. Cela comprend l’évaluation régulière des pratiques de gestion du risque et, parallèlement, le suivi des marges adéquates de sécurité dans la planification des fonds propres et des pratiques de provisionnement de crédit afin d’assurer la résilience financière. En même temps, nous actualisons nos approches de surveillance pour veiller à ce qu’elles demeurent adaptées aux objectifs.

Concrètement, cela signifie que nous surveillons ce qu’on appelle les 4 C en anglais (c’est-à-dire cash, capital, credit, contigency). Nous veillons à ce que les institutions de dépôt aient assez d’argent pour le financement et la liquidité, qu’elles détiennent suffisamment de fonds propres pour absorber les chocs possibles, qu’elles aient en place des pratiques de crédit proactives et prudentes à l’égard des emprunteurs et des contreparties, et qu’elles prévoient des mesures d’urgence pour gérer les incertitudes.

Pour ce qui est des risques non financiers, le BSIF s’attèle à atténuer les risques sur plusieurs fronts, notamment par le biais de lignes directrices adéquates. Par exemple, la ligne directrice B-13 sur la gestion du risque lié aux technologies et du cyberrisque, la ligne directrice B-10 sur la gestion du risque lié aux tiers, et la ligne directrice B-15 sur la gestion des risques climatiques.

Par ailleurs, nous nous appliquons à promouvoir des pratiques complètes et efficaces de gestion du risque lié aux technologies et du cyberrisque au moyen du test de la cyberrésilience fondé sur le renseignement qui sera mené bientôt par le BSIF.

Enfin, en s’appuyant sur le Plan directeur de la transformation du BSIF, nous avons créé le Centre d’analyse des effets de l’innovation numérique plus tôt cette année. Il a pour but de promouvoir l’innovation dans le secteur financier, tout en veillant à ce que le BSIF soit prêt à réglementer et à surveiller le milieu numérique en constante évolution. Nous avons publié notre proposition de feuille de route à cet effet le mois dernier, et nous collaborons en ce sens avec des organismes de réglementation au Canada et à l’étranger.

Pour conclure, je pense que les séances d’aujourd’hui nous aideront à mieux comprendre les risques actuels et émergents, en plus de mieux nous outiller pour les gérer en veillant à ce que nous parlions de façon transparente des risques et des attentes que nous avons envers les institutions de dépôt pour y faire face.

Merci.

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