Le contexte prudentiel en évolution et les coopératives de crédit

Discours - Calgary -

Tolga Yalkin, surintendant auxiliaire, Secteur des mesures de réglementation du BSIF, prononce un bref mot d’ouverture à l’occasion de la table ronde intitulée « Le contexte prudentiel en évolution et les coopératives de crédit » lors de la conférence de l’Association canadienne des coopératives financières (ACCF)

Bonjour,

Je vous remercie de m’accueillir à Calgary aujourd’hui. C’est un plaisir de participer à cette table ronde sur l’évolution du contexte réglementaire canadien.

Dans le contexte actuel d’évolution rapide des risques, les institutions financières connaissent bon nombre de risques de plus en plus complexes et interreliés. Elles doivent composer avec un environnement dynamique caractérisé par l’innovation numérique, des mutations économiques et des défis liés aux changements climatiques.

Parmi les exemples, mentionnons la volatilité géopolitique, la réglementation en constante évolution, et les nouvelles avancées technologiques comme l’intelligence artificielle et la chaîne de blocs, qui déclenchent une révolution numérique, mais qui présentent aussi des vulnérabilités inédites et des complexités sur le plan de la réglementation. À ces complexités s’ajoutent des exigences opérationnelles croissantes en matière de développement durable et de responsabilité, conjuguées à la poursuite du rendement financier et de l’excellence du service à la clientèle.

Non seulement ce contexte dynamique met à l’épreuve la résilience et l’adaptabilité des institutions financières, mais il nécessite aussi des approches novatrices en matière de gestion du risque et de planification stratégique.

Notre travail consiste à fournir la structure ou le cadre au sein duquel les institutions financières - y compris les coopératives de crédit fédérales - gèrent ces risques et, en fin de compte, à s’assurer qu’elles les gèrent adéquatement.

Pour ce faire, nous utilisons quelques moyens clés afin d’évoluer et de progresser ces dernières années.

Premièrement, nous venons de lancer notre nouveau Cadre de surveillance le premier avril. C’est une étape importante pour nous en tant qu’autorité de réglementation, car il s’agit de la première révision complète depuis vingt-cinq ans.

Je n’entrerai pas dans les détails des améliorations que nous y avons apportées, mais certaines d’entre elles sont dignes de mention. Par exemple, nous avons adopté une échelle de cotation des risques de huit points pour faciliter des évaluations du risque plus nuancées et mieux intégrer dans le cadre les catégories de risques importants comme la résilience organisationnelle et opérationnelle ainsi que des considérations liées aux risques climatiques.

Nous espérons que le nouveau cadre aidera les institutions financières à renforcer leurs capacités de gestion du risque, à mieux s’adapter aux risques émergents et à bien répondre aux attentes sur le plan de la réglementation et de la surveillance afin d’assurer non seulement leur santé et leur stabilité, mais aussi celles du système financier dans son ensemble.

Deuxièmement, en deux mille vingt-deux (2022), nous avons publié notre premier Regard annuel sur le risque (RAR). L’acronyme anglais, ARO, correspond phonétiquement au mot « Arrow » (flèche) en anglais. Ce jeu de mots souligne subtilement la nature directive du document, qui oriente les institutions financières dans la bonne direction en matière de gestion du risque.

Le RAR a toutefois un double rôle : il présente les grands risques sur lesquels les institutions financières doivent se concentrer, et il précise aussi comment nos mesures de réglementation et de surveillance correspondent au risque global pesant sur le secteur financier. Si les risques présentés dans le document ne sont pas les seuls risques auxquels nous ou les institutions financières doivent porter attention, ce document indique clairement les risques qui demandent une intervention proactive.

J’ai le plaisir d’annoncer que le RAR de cette année sera publié dans les prochaines semaines. Je vous encourage à l’examiner attentivement au moment venu.

Troisièmement, nous constatons de plus en plus l’importance des risques non financiers, non seulement en ce qui concerne la sûreté et la solidité globale, mais aussi la confiance de la population dans le système financier.

Dans cette optique, le Parlement a élargi notre mandat de surveillance l’été dernier afin de déterminer si les institutions financières ont des politiques et procédures adéquates pour se protéger contre les menaces à leur intégrité ou à leur sécurité, notamment l’ingérence étrangère.

Pour répondre à cette exigence, nous avons publié en janvier la version finale de notre ligne directrice Intégrité et sécurité. Elle établit nos attentes visant les politiques et les procédures que les institutions financières mettent en place pour se protéger contre ce type de risques.

Les effets de ces risques, notamment sur la cybersécurité, les perturbations opérationnelles et l’atteinte à la réputation, peuvent être déterminants, et ils influencent non seulement la solvabilité financière des institutions, mais aussi la confiance du public dans le secteur financier. La bonne gestion de ces politiques et procédures permet d’instaurer la confiance et la stabilité et de souligner l’intégrité et la fiabilité du secteur.

En octobre dernier, nous avons publié la version à l’étude de notre ligne directrice E-21 sur la résilience opérationnelle et la gestion du risque opérationnel aux fins de consultation. Cette ligne directrice définit nos attentes visant à aider les institutions financières à se préparer à des événements perturbateurs graves et à s’en remettre. La version finale de la ligne directrice E-21 sera publiée cette année.

Alors que nous poursuivons notre travail, il est essentiel de reconnaître que les efforts collectifs de toutes les institutions financières - notamment les coopératives de crédit - sont le fondement du maintien d’un secteur financier sûr et viable au Canada.

Nous estimons que la viabilité de ces efforts dépend en partie de notre engagement, en tant qu’autorité de réglementation, en faveur de la transparence. La transparence garantit que les institutions financières connaissent non seulement nos attentes et la direction que nous prenons, mais qu’elles comprennent également le pourquoi et le comment. Je crois que ce dialogue permet d’établir un lien de confiance et d’assurer une coopération, éléments essentiels pour composer avec les complexités du paysage financier d’aujourd’hui. Ensemble, grâce à une vision claire et à des responsabilités partagées, je suis convaincu que nous pouvons continuer de préserver l’intégrité et la stabilité du système financier canadien.

Merci!