Peter Routledge, surintendant du Bureau du surintendant des institutions financières, annonce le taux de la réserve pour stabilité intérieure

Merci de votre présence à cette annonce de juin 2024 sur le taux de la réserve pour stabilité intérieure, ou RSI dans sa forme abrégée.

J’aimerais d’abord souligner que je m’adresse à vous aujourd’hui à Ottawa, sur les terres ancestrales qui ont longtemps été un lieu de rassemblement des peuples autochtones, y compris la nation algonquine Anishinaabeg. Je suis reconnaissant de pouvoir être présent sur ce territoire.

La réserve pour stabilité intérieure, ou RSI, est une réserve de fonds propres qui permet aux six grandes banques du Canada — que nous qualifions de banques d’importance systémique intérieure — d’éponger les pertes et de continuer à consentir des prêts aux ménages et aux entreprises en période de tensions économiques.

Le BSIF revoit le taux de la réserve pour stabilité intérieure deux fois par année — en décembre et en juin — et à d’autres moments s’il le faut. En tant qu’autorité de réglementation proactive, il ajuste le taux de la réserve en fonction de l’évolution de l’environnement de risque afin de préserver la solidité du système bancaire au Canada.

Ce mois-ci, nous avons décidé de maintenir le taux de la réserve pour stabilité intérieure, ou RSI, à 3,5 % du total des actifs pondérés en fonction du risque, et ce, compte tenu des facteurs suivants :

• les vulnérabilités demeurent grandes, mais n’ont pas changé sensiblement ces six derniers mois;
• les risques à court terme se sont accrus, mais sont toujours considérés comme étant faibles, dans l’ensemble;
• les banques ont maintenu des fonds propres en quantité suffisante compte tenu de leur situation financière actuelle.

Le taux de la RSI est resté inchangé depuis le 1er novembre 2023. Le système canadien demeure résilient malgré l’incertitude mondiale et l’évolution rapide de l’environnement de risque.

Cela dit, nous suivons toujours de près les risques de vulnérabilité :

• Au Canada, le taux d’endettement des ménages se maintient près de son sommet historique, et l’on s’interroge sur leur capacité à rembourser leur dette. De fait, plus de la moitié des prêts hypothécaires seront renouvelés ou refinancés à un taux d’intérêt nettement supérieur. Par conséquent, il se peut que les emprunteurs ne soient pas en mesure de rembourser leurs autres dettes et emprunts.
• Le déséquilibre des actifs au Canada, qui découle d’une forte augmentation du prix des actifs tels que les maisons et qui peut rendre l’économie vulnérable à une chute des prix, est encore élevé, mais est demeuré stable depuis notre annonce de taux en décembre. En particulier, les ventes d’habitations à ce jour se situent bien en deçà de la moyenne sur dix ans. La vigueur des taux d’intérêt, l’inflation et la demande affaiblie ont exercé des tensions sur les marchés de l’immobilier commercial.
• Enfin, l’incertitude géopolitique demeure forte, ce qui peut influencer les marchés mondiaux et les chaînes d’approvisionnement.

Pendant ce temps, les banques ont continué d’afficher d’excellents résultats malgré un contexte d’exploitation difficile, et le niveau des prêts douteux est revenu à ce qu’il était avant la pandémie.

Si la croissance économique a quelque peu ralenti, les conditions sur les marchés financiers sont toutefois demeurées relativement très favorables.

La possibilité d’utiliser une réserve de fonds propres telle que la RSI — dont le taux varie de 0 % à 4 % et qu’on constitue en période de prospérité et dans laquelle on puise en période difficile — joue un rôle important dans la santé d’un système bancaire.

Cela dit, la RSI ne constitue qu’un élément de la saine gestion des fonds propres. Les banques doivent rester vigilantes et continuer de faire preuve de prudence dans la gestion de leurs fonds propres, car la RSI ne saurait remplacer de bonnes pratiques de gestion du risque.

Nous continuerons de suivre de près la conjoncture et de rajuster le taux de la RSI selon ce que dictent les conditions.

Je vous remercie de votre attention.